Histoire de Pabu
Il semble avéré que la dénomination « Pabu » provient de l’ancien breton « Pabu » (évêque), terme de déférence signifiant Père, mais aussi Evêque ou encore Père-fondateur d’un lieu consacré (ou supérieur monastique). Saint Tugdual, ou Tudwal, ou Tudgual (par suite d’une faute de copiste) vint de Grande-Bretagne en Armorique au VIè siècle, avec soixante-douze de ses disciples parmi lesquels sa mère, Sainte Pompée (Koupaïa en breton), et sa sœur Sainte Sève. Il est le fondateur présumé du monastère de Landreger, dit Tréguier et il a, sans le vouloir, donné son nom à la paroisse de Pabu.
La légende veut qu’en 548 Tugdual se rende à Rome alors qu’on est en train d’enterrer le pape. Après les obsèques, alors que le clergé se rassemble pour élire le nouveau pontife, une colombe blanche se pose sur la tête de Tugdual, symbole de la blancheur de l’âme ; on y voit un présage divin et il est élu Léo V Papa Britigenus (Léon de Bretagne). Au bout de deux ans de suprême pontificat, un cheval blanc se présente à Tugdual et le ramène d’une traite à travers les airs jusqu’à son siège de Tréguier, puis le peuple breton l’appela Pabu (Histoire de Saint Tugdual – diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier).
La période gallo-romaine nous a laissé quelques traces. D’après Michel Priziac (Toponymes et patrimoine de Pabu), le village de Kerpave (le village où il y a du pavé, actuel Point Vert)) était situé sur le tracé d’une ancienne voie romaine d’où cette référence au pavé, car ces voies étaient souvent pavées de blocs de calcaire ou de schiste selon les régions. La construction variait suivant le terrain ; certaines voies étaient chaussées, d’autres pouvaient être dallées, ou bien elles étaient seulement empierrées.
Nous savons aujourd’hui que notre territoire était occupé jadis par les Osismes, un des peuples gaulois du groupe des Celtes armoricains. Ils ont vécu de la protohistoire (âge du Bronze, âge du Fer qui débute vers 600 avant J.C.) à l’époque romaine. Leur territoire correspond approximativement à celui du Finistère et à la partie occidentale de celui des Côtes-d’Armor. Après la conquête romaine en 50 avant J.C., comme les autres peuples gaulois, les Osismes se sont romanisés, et ils ont eu pour capitale Vorgium, (actuellement Carhaix).
Par ailleurs, en mars 1970, des fouilles de sauvetage, réalisées par Bertrand Chiché au Grand Kermin, permirent de redégager des fours de potiers datant de l’époque gallo-romaine (probablement du IIème ou IIIème siècle après J.C.), qui avaient été découverts fortuitement quatre ans plus tôt ; il s’agirait d’un atelier de potiers osismes.
En 1673, Pabu est le siège d’une chapellenie dite de Keranré, du nom du gros village de Kerhré (Keranres en 1532), situé à 800 m au nord, connu aujourd’hui sous le nom de La Poterie. Cette chapellenie est, à cette époque, à la nomination du seigneur de Munehorre (ou Menehorre) et le chapelain était désigné par le seigneur.
En 1675, Marc Raoul, prêtre du diocèse de Tréguier, fut pourvu de cette chapellenie. Les habitants de la dîmerie de Trivis, l’une des quatre dîmeries de la paroisse de Ploumagoar, au centre de laquelle se trouvait la chapelle de Pabu, firent de nombreuses démarches en 1711 et 1712 près de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Évêque, comte de Tréguier, pour obtenir l’érection de l’église actuelle en église tréviale ou paroissiale, invoquant les difficultés et les risques encourus à aller aux offices à Ploumagoar. Cette dîmerie devient une trève (ou paroisse succursale) de Ploumagoar le 14 avril 1747 (soit 35 ans après la supplique) et prend le nom de Pabu en l’honneur de Saint-Tugdual, son Saint Patron.
Au moment de la Révolution, la paroisse va se confondre avec la commune. Trève récente de Ploumagoar, Pabu décide, fin 1789, de créer son propre corps politique. Pabu élit sa première municipalité le 29 janvier 1790 et elle devient paroisse en 1803. Le territoire de Pabu s’est accru le 20 août 1822 de l’enclave de Kergoz (ou Guer-Noz), dépendant de Ploumagoar.
Les potiers peuplaient jadis les villages de La Poterie et de Kerez. L’argile était extraite à Kervenou en Pommerit-le-Vicomte. Jusqu’en 1914, on y fabriquait des ustensiles ménagers d’usage courant : des cruches à eau, des ribots (barattes), des pots, des jattes à lait, des lèchefrites, des tuyaux, des pichets, des plats, des terrines… mais également des briques, des tuiles et des épis de faîtage. Ces épis de faîtage étaient encore présents sur le toit de l’église avant sa restauration ; ils sont encore visibles dans le hall de la mairie, où ils sont exposés dans des vitrines.