Le patrimoine
Si Pabu ne possède pas de monuments historiques protégés par la Loi, on peut toutefois signaler les bâtiments suivants, dont la plupart sont des demeures privées qui ne se visitent pas :
L’église Saint-Tugdual
L’église Saint-Tugdual est en forme de croix latine avec chevet et ailes à pans coupés, et dispose d’une chapelle des fonts en face du porche du midi. Elle date du XVIIIè siècle et porte diverses inscriptions : sur le bras sud, la date de 1711, sur le portail : la date de 1750, sur le mur-pignon de la façade occidentale, la mention : « PAR LE GENERAL DE PABU EN 1782 Y. HUON CURE I : LEBEUF : F », et sur le pignon de la chapelle des fonts : « YVES PRIGENT GOUVERNEUR ». Cet édifice a succédé à un édifice plus ancien mentionné sous le nom de chapelle Saint Pabu en 1532. Elle a été restaurée en 1826 et la charpente et la couverture ont été entièrement refaites en 2008.
Son mobilier comprend : des autels du XVIIIè siècle ; des fonts baptismaux de 1747, des statues diverses, notamment celles de Saint Tugdual, Saint Yves, Saint Jacques le Majeur, Saint Roch, Saint Vincent, Saint Quentin. Ce dernier est le patron des potiers qui étaient nombreux autrefois ici, et sont mentionnés dès 1498. Ils ont disparu aujourd’hui. Les cloches portent les noms de Tugdual (ré aigu), Yves (mi aigu) datant de 1924, et Marie (fa dièse) installée en juin 2013. Saint Tugdual, ou Tudwal, venu de Grande-Bretagne au VIè siècle et premier évêque de Tréguier, était surnommé « Pabu ». (Visites libres en saison).
Le Château de Munehorre
Le château de Munehorre (ou Menehorre dans certains documents anciens), tel que nous le connaissons aujourd’hui, fut construit entre le XVè et le XVIIè siècle, mais certains éléments, comme la tourelle et le colombier, seraient encore plus anciens, car plusieurs constructions se sont succédé sur ce lieu habité depuis fort longtemps. Son nom viendrait de « Mein Hoer », qui signifie pierres d’or en vieux breton (langue antérieure aux XIè et XIIè siècles). Il possédait jadis une chapelle privée ; en 1671, on en distingue deux : « un oratoire » et une chapelle nommée Saint-Pabu.
Comme tous les manoirs, Munehorre possédait sa propre chapelle et son moulin (Milin-ar-Pont), mais la présence d’un colombier, qui pouvait abriter quelque 600 pigeons, laisse imaginer l’importance de la seigneurie de l’époque, car le pigeonnier était proportionnel à l’étendue du domaine. Un barrage, semblant dater du XVIIè siècle, a permis la création d’un étang artificiel contenant sans doute des carpes qui étaient pêchées par le personnel du château, et servies aux repas des invités de marque des seigneurs, ce qui marquait ainsi leur importance au même titre que le colombier et la chapelle.
La petite chapelle, dédiée à Saint-Séverin, se trouvait autrefois dans le village du même nom, proche du chemin rural en bordure d’un étang. Désaffectée, elle servait de cellier pour la ferme voisine en 1850, avant d’être transférée dans le bois du château vers la fin du XIXè siècle. Les propriétaires actuels l’ont restaurée et aménagée.
La seigneurie de Munehorre (ou Kerprigent-Munehorre) possédait jadis un droit de haute justice (confirmée en 1671), puis de moyenne et basse justice (en 1770). Une ordonnance, portant nomination par Jean Marie Yves Séverin Bizien, de Jean Marie Brunot comme procureur fiscal, a été enregistrée le 20 septembre 1771. (source Simone Toulet)
« Nous haut et puissant Seigneur Jean Marie Séverin de Bizien, Comte de Munehorre, Chatellain de Guernalenhastel, Le Val, La Lande, Kermersic, Poularvran, et autres terres et Seigneuries, sur le bon et louable rapport qui nous a été fait de la personne de maître Jean Marie Brunot, de ses sens, suffisance, capacité et expérience du fait de la pratique, nous lui avons donné, octroyé, donnons, octroyons, l’état et office de procureur fiscal de notre juridiction et Seigneurie de Munehorre pour en jouir aux honneurs, profits et émoluments y attribués tant et si longtemps qu’il nous plaira. Prions Messieurs les juges qui sont, à ce, compétent, de le recevoir et admettre dans le dit office. Donné à notre Château de Munehorre sous notre signe et le cachet de nos armes, ce jour vingt cinquième août mil sept cent soixante et onze ».
ll a été la propriété successive d’Olivier de Munehorre (1402), Merien de Munehorre (1427), Henry de Munehorre (1440), Olivier de Munehorre (1481), Vincent de Munehorre (1489), Vincent de Trolong (1535), François de Trolong (1545), Yves de Trolong (1574), Marc de Trolong (1629), Jan Bizien (1671), François Bizien (1682), Jean-Marie Yves Séverin Bizien (1724), Jean Marie Gabriel Paul André de Launay (1773, décédé en 1791), puis des familles de Quelen du Plessis (début XIXè siècle), Gouyon de Coypel (Louis Marie, époux de Marie Charlotte, dite Caroline, de Quelen, est décédé le 23 février 1871 ; son corps repose dans le cimetière de Pabu), puis Pierre Le Jemble (en juillet 1872), dont l’épouse, née Caroline Le Huérou, y est décédée le 23 janvier 1908. La petite fille de Pierre Le Jemble, mariée à Jacques Paul Patouillard y décèdera en 1981 et la propriété sera habitée par sa fille jusqu’en 1995. Il est aujourd’hui la propriété de la famille de Philippe de Geofroy (demeure privée ne se visite pas, sauf le parc aux Journées du Patrimoine).
Le Manoir de Kerhuel
Le manoir de Kerhuel ou « le haut village » (XVIIè remanié aux XVIIIè et XIXè siècles) était déjà habité au XIIè siècle ; son moulin est en ruine et sa chapelle privée a disparu. Ce n’était pas initialement une propriété noble, bien que ses occupants aient été d’illustres personnages, et il ne le devint qu’au XVIIè siècle (demeure privée ne se visite pas).
Propriété successive des familles Le Cozic (du XIVè au XVIè siècles), de Kuerguézay, Allain, sieur des Poiriers (au XVIIème siècle), de Kernezné (fin XVIIIè siècle), de Keranflec’h. A l’origine, ce n’était pas une propriété noble, et elle ne le devint qu’au XVIIè siècle. Ce manoir présente une très grande salle avec une cheminée monumentale du XIVè siècle, et un plafond très élevé avec de grosses poutres supportant des solives ; entre les solives, des rondeaux de châtaignier entouré de paille de seigle et d’argile. A cette époque, par sécurité, on n’ouvrait que la façade nord. Au sud, on accueillait l’ennemi éventuel avec des meurtrières. La façade sud du manoir a ensuite été illuminée par des ouvertures réalisées au XVIIème siècle, notamment une très belle lucarne à fronton.